CLEMENT Catherine, La reine des cipayes, Seuil, 2012.
Kénizé Mourad, dans "Dans la ville d'or et d'argent", nous avait déjà dressé le portrait d'une femme entrée en guerre contre le Raj, la bégum Hazrat Mahal.
C'est donc avec curiosité que j'ai abordé le livre de C. Clément, qui évoque le destin tragique d'une autre figure féminine de la guerre des cipayes, Lakshmi Baï, reine de Jhansi.
Après la mort du Maharaja en 1853, elle prend les rênes du royaume et s'efforce en vain de le maintenir hors des griffes de l'avide Compagnie des Indes, prompte à s'emparer tout territoire,
suivant en cela les directives du gouverneur général, refusant de reconnaitre une succession basée sur la tradition immémoriale de l'adoption.
Lakshmi Baï, refusa d'abandonner Jhansi, et à la faveur de la guerre des cipayes, mena la lutte armée contre les troupes du général britannique Rose.
Malgré son implication directe dans l'entraînement de ses troupes et la conduite de la guerre, elle ne pu empêcher Jhansi de tomber aux mains de l'ennemi, et s'enfuit vers le royaume voisin de
Gwalior, où elle trouva la mort en 1858, à cheval, une épée dans chaque main. Elle n'était âgée que de 23 ans.
Lakshmi Baï n'hésitait pas à s'affranchir des coutumes et des traditions pour lutter contre l'occupant, quitte à négliger la purdah ou à ne tenir aucun compte des castes ou religions. Féministe
avant la lettre, Catherine Clément n'hésite pas à voir en elle une Jeanne d'Arc asiatique.,
Je regrette que l'auteur oscille entre roman et biographie. Dalrymple et Mourad font des choix plus clairs. Celui de Clément est un peu perturbant pour le lecteur, qui a du mal a trouver le bon
code pour déchiffrer l'ouvrage. Autre bizarrerie, les interruptions impromptues pour évoquer Marx et Engels dissertant sur l'Inde. Cela aurait une meilleure place dans un autre livre.
Je ne regrette pas pour autant cette lecture, et à la faveur d'une nouvelle visite à Jhansi, je consacrerai sans aucun doute un peu de temps à retrouver les traces de cette figure devenue
mythique.
Août 2013