DEVI, G., Une princesse se souvient, Memoires de la Maharani de Jaipur, Pondichery, 1999

Publié le par Manu Bouvy

J'avoue ne pas etre trop attire, en regle generale, par ce genre d'ouvrages. Trop souvent, ces autobiographies voient les evenements qui y sont relates par le petit bout de la lorgnette de l'auteur, qui y apparait toujours comme infaillible. Par ailleurs, il n'y a pas a ma connaissance d'autre membre d'une famille souveraine indienne, qui ait mis ses souvenirs par ecrit., et decouvrir les evenements qui ont secoue l'Inde au 20eme siecle au travers de la plume de la derniere Maharani d'un des Etats les plus puissants de l'Inde n'etait pas a negliger.

Je me suis donc assez rapidement plonge dans ce qui a debute comme un conte de fee, a Cooch Behar, petit Etat princier du Nord-Est de l'Inde, ou est nee la future Maharani, en 1919.

Sa mere etait deja une rebelle. Fiancee contre son gre au Maharaja de Gwalior, elle lui adressa un courrier lui signalant son desaccord avec le projet negocie par ses parents. Refroidi, le futur epoux rompit les fiancailles. A l'epoque, au sein de l'aristocratie indienne, il fallait un sacre courage pour agir de la sorte !

A l'adolescence, Gayatri fut mise en contact avec celui que toutes les femmes d'Inde cherissaient, le jeune et seduisant Maharaja de Jaipur. Ah oui, il etait aussi tres riche et excellent joueur de polo !

Au fil des ans, celui que ses proches appelaient "Jai", devint tres proche de la famille de Cooch Behar (qui disposait de palais somptueux permettant de l'accueillir, un peu partout en Inde), et une romance ne tarda pas a naitre entre les deux tourtereaux.

Cependant, la mere de Gayatri rechignait a ce mariage. Jai avait deja deux epouses, et le regime liberal de Cooch Behar n'etait pas celui de Jaipur, ou les femmes etaient soumises a la Purdah, c'est a dire a l'obligation d'etre en permanence voilee devant les hommes.

Gayatri, fidele a l'esprit temoigne auparavant par sa mere, lui tint tete et se maria avec Jai contre son gre.

A Jaipur, elle poursuit sa vie dans un univers somptueux, parmi une domesticite innombrable (Certains sont uniquement utilises pour eloigner les pigeons !), tout en entretenant d'excellentes relations avec les premieres epouses de son mari. Elle renonce progressivement a la Purdah et entreprend de nombreux voyages avec Jai en Europe, particulierement a Londres.

L'independance de l'Inde, en 47, sonna le glas des quelque 600 royaumes restes independants. Integres au sein de l'Union indienne, leurs monarques ont accepte sans trop de difficulte de participer a la construction du nouveau pays, en echange du maintien de quelques prerogatives et d'une liste civile.

Peu a peu, la Maharani va s'investir dans la vie politique pour devenir une deputee d'opposition assez courageuse, qui fit meme 6 mois de prison lors de l'Etat d'urgence proclame par Indira Gandhi.

Je retiens de ce livre le caractere somptueux (et dispendieux) de la vie des Maharaja (le pere de Jai louait un paquebot entier pour se rendre en Angleterre !) et le fait que ceux-ci aient, semble-t'il, joue le jeu de la construction de l'Inde moderne. J'en retiens egalement les louanges adressees par la Maharani de Jaipur a celui qui fut pourtant son contradicteur politique, Jawaharlal Nehru. Ce dernier fut bien un des geants politiques du 20emes siecle, a l'inverse, a mon humble avis, de sa fille Indira Gandhi.

 

New Delhi, 23 octobre 2011

Publié dans littérature indienne

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